C’est une question qui me travaille depuis longtemps. Et les vacances, avec le recul qu’elles permettent, sont aussi un moment privilégié pour remettre d’aplomb sa pensée politique, pour relier nos convictions à ce qui nous anime profondément.
Je le dis simplement : je suis amoureux de mon pays. Je suis amoureux de ma région, de mon département, de mon territoire. Celles et ceux qui me connaissent savent que je ne manque jamais une occasion de le répéter, avec une ardeur qui fait sourire mes proches et mes collègues : ici, c’est l’Ain ! Cette attache n’est pas anecdotique, c’est une part de moi.
Je mesure aussi ce que je dois à mon pays. Sans lui, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui. J’étais boursier au plus haut échelon et, sans ce système de solidarité, je n’aurais pas pu faire d’études. Je me souviens aussi que, dans ma famille, nous n’aurions pas toujours eu de quoi manger sans les aides sociales. Ce pays m’a donné une chance, il m’a permis de m’émanciper. Voilà pourquoi je suis profondément attaché à la République, à ses valeurs, à ses droits sociaux, et à ses symboles.
Et aimer son pays n’exclut pas d’aimer ses origines. Je suis fier que mes enfants aient des origines calabraises, comme d’autres revendiquent d’autres racines. Rien n’empêche de se sentir pleinement français et française, tout en étant fier de son histoire familiale, de ses héritages culturels. Cet ancrage multiple n’est pas une contradiction, c’est une richesse.
Parmi nos symboles, le drapeau français a une place particulière. Et pourtant, il a été confisqué. L’extrême droite nous l’a volé collectivement, en le réduisant à une identité fermée et excluante. Je ne supporte pas de voir des gens traités de « fachos » simplement parce qu’ils affichent un drapeau français. Porter un drapeau ne suffit pas à être patriote, pas plus que refuser de le porter ne signifie renier son pays. Se sentir française ou français, c’est bien plus que d’arborer un symbole : c’est une relation intime aux valeurs, à l’histoire, à la solidarité, à la culture. C’est vouloir transmettre un pays habitable, vivant, digne, à celles et ceux qui viendront après nous.
C’est là que l’écologie et le patriotisme se rejoignent. Car aimer son pays, c’est aimer ses paysages, ses terroirs, ses forêts, ses rivières, ses produits locaux, ses marchés. C’est se réjouir devant un monument, une tradition, une recette, un accent. C’est aussi défendre la démocratie locale, avec cet esprit fédéraliste qui fait confiance aux territoires, qui donne du pouvoir aux habitantes et aux habitants, car nous savons que les meilleures décisions se prennent au plus près de celles et ceux qu’elles concernent.
Être écologiste, c’est être attaché à ce qui fait la beauté et la richesse de notre pays. Et être patriote, ce n’est pas s’enfermer dans la nostalgie d’une France fantasmée, mais protéger ce qui la rend réelle et vivante. C’est refuser de voir disparaître nos terres fertiles sous le béton, nos savoir-faire étouffés par la mondialisation à outrance, nos villages désertés faute de services publics.
Bien sûr, l’écologie ne s’arrête pas aux frontières. Le climat, la biodiversité, l’air que nous respirons ne connaissent pas de passeport. Mais aimer son pays, c’est vouloir qu’il reste habitable demain. C’est refuser que nos enfants héritent d’une terre appauvrie, polluée, stérile. C’est vouloir que la France demeure une terre de vie, de vins et de fromages, de forêts et de cultures, et non un désert bétonné et surexploité.
Je le crois profondément : on ne peut pas être patriote sans être écologiste. Car aimer son pays, c’est vouloir qu’il reste vivable, respirable, fertile. Et inversement, on ne peut pas être écologiste sans être patriote, car l’écologie, c’est aussi l’amour charnel d’une terre, d’un territoire, d’un héritage.
Mon patriotisme est celui-ci : ouvert, populaire, républicain, écologique et social. Un patriotisme qui se vit dans les actes, dans la solidarité, dans la défense du vivant. Un patriotisme qui s’ancre dans le local et s’ouvre à l’universel. Car il n’y a pas de contradiction : être écolo et patriote, c’est une seule et même manière d’aimer, de protéger, de transmettre.
Je sais que certains pourront être surpris par ces mots. Mais ce que je propose, c’est une vision inclusive, républicaine et sociale du patriotisme, à l’opposé de la définition qu’on nous impose aujourd’hui. Le problème, c’est quand le mot « patriotisme » est dévoyé pour justifier le repli, l’exclusion, le rejet des autres. Ce n’est pas l’amour du pays, c’est la peur de l’étranger. L’écologie, au contraire, ouvre les horizons : elle relie la France à l’Europe et au monde, parce qu’elle nous rappelle que nous partageons une maison commune. Mais elle s’enracine aussi dans le local, dans le terroir, dans la défense d’un patrimoine naturel et culturel qui fait notre identité collective.
Au fond, être écolo et patriote, c’est la même promesse : prendre soin de ce que nous avons reçu, pour mieux le transmettre à celles et ceux qui viendront après nous.